Vibration

Publié le par Lettres à l'amer

Il est fin comme ses traits. Le monde qui l'habite est une vaste étendue insaisissable. Tout le traverse, la porte est ouverte ; dans ce flot il pêche l'idée à la ligne, qu'il dissèque, consigne. Toujours ailleurs, on ne peut l'accaparer.

En lui pousse une forêt, dans un bruit assourdissant ; son iris la laisse apparaître sans qu'on puisse en saisir l'immensité. Écouter ne suffit pas à entendre les échos de cet arborescent chaos. En proie aux mystérieux prédateurs de cet écosystème, il fuit et s'y perd lui même.

A chaque pas, il grelotte, et dedans retentit tout autant, grave et caché comme l'est le son de son chant. Tendu, seul au milieu des autres, il détonne en silence. Le monde qu'il habite est agité et vacillant.

Il a l'oreille dans un autre univers, mais sait recueillir en son creux les éclats d'autres coeurs. Il a l'inflexion délicate d'une corde sensible quand on l'effleure, par hasard ou par chance ; il se répand alors en une mélodie douce et riche, qui fond en un liquide précieux.

Publié dans Portraits liquides

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